Fennec avait guetté toute la journée le passage des marchands dans le désert. Il avait fait des rondes sur une grande zone en épiant le moindre mouvement dans le sable. Aucune caravane n’avait traversé la zone qu’il surveillait aujourd’hui, il commençait à fatiguer. La chaleur était écrasante mais il y était habitué et son vêtement ample le protégeait de l’agression constante du soleil. Il avait faim, son estomac n’ayant ingéré aujourd’hui en tout et pour tout que des restes de viande séchée.
Il s’allongea sur un pan de dune, surveillant une passe naturellement damée où les nomades se reposent souvent. Hier il avait vu un convoi défendu par une dizaine de gardes passer à proximité. Impossible pour lui d’en approcher sans se faire repérer et transpercer de flèches. Il cherchait des groupes de marchands restreints de préférence sans escorte. C’était de plus en plus rare, même si le prix de l’escorte était très élevé, la plupart des marchands traversaient le désert accompagnés de gardes ou de miliciens. Et d'une certaine façon la présence de Fennec sur cette dune donnait raison à leur précautions.
S’il ne trouvait pas de caravane avant la fin de la journée, il serait obligé avec sa bande de se rapatrier vers le fleuve et peut-être même de le remonter vers les faubourgs d’Hebelos. La meute du Fennec avait dû quitter le campement des brigands suite à leur dernière prise. Les temps étaient durs avec la sécurisation des routes commerciales et la moindre rumeur de larcin réussi attisait l’envie au sein de la communauté des hors-la-loi. Ils devraient rester à l’écart quelque temps. La meute s’était installé dans le désert pour une semaine tout au plus histoire de se faire oublier.
Le soleil continuait de baisser, il fallait qu’il rentre au campement. Il jeta un dernier coup d’œil autour de lui.
Rien, tant pis. Au moins demain je serai de tour de chasse.
Il repassa son lourd sac par-dessus son épaule et se remit en marche. Après une pause pour s’hydrater à l’oasis du crâne noir, il entreprit de se diriger vers le campement de la meute. Il mâchait quelques racines ramassées au bord de l’eau en marchant quand quelque chose attira son regard. Un petit campement pouvait s’apercevoir au loin, en une seconde Fennec était au sol. Il contourna une dune pour avoir un meilleur point de vue. Il devait y avoir cinq marchands tout au plus. Il avait du mal à interpréter ce qu’il voyait, les silhouettes se noyant dans le soleil couchant.
Par Sâ, quelle chance.
Ce petit campement était en marge des grandes routes qui traversent le désert. Ce groupe de marchands devait être perdu, une aubaine ! Il sortit de sa cachette et se dirigeât à découvert vers le campement en marchant de la façon la plus décontractée possible. Il ne lui semblait pas avoir vu d’homme d’armes de loin. De toute façon il devait tenter sa chance. Le campement lui semblait vraiment petit, un seul chameau ? Quelques pas plus loin il aperçut la jeune femme, seule. Il avait dû prendre ses palissades de fortune pour des silhouettes d'hommes. Il devait y avoir une deuxième personne, c'était la première fois qu'il croisait un couple de nomades au milieu du désert.
L'homme a dû se mettre à couvert pour prendre me prendre à revers, il suffit de rester sur mes gardes...
Il essaya de se détendre. Il était à présent suffisamment proche du camp pour observer la nomade qui se tenait face à lui. Il fût au premier abord surpris par ces deux yeux dépareillés qui le regardaient. Le déclin du soleil lui permettait tout de même de voir la beauté de... la jeune fille ? Quel âge pouvait-elle avoir ? Sa contemplation s'arrêta lorsqu'il vit la main posée sur le sabre. Il lui revînt alors la raison pour laquelle il était là.
Doucement, sans un geste brusque il posa le sac dans le sable. Puis son arc et son ancienne dague. Il dévoila son visage et leva ses bras avec ses mains ouvertes.
" Bonsoir jeune marchande. Je m'appelle Fennec, je suis un ermite qui vit dans le désert "